Amazon a réussi à obtenir son .buy, mais elle peut probablement faire une croix sur .amazon…
Pas de chance pour Amazon : le géant du Web ne deviendra probablement pas l’opérateur du nouveau gTLD .amazon. Cela dit, ce n’est pas la seule entreprise à échouer dans sa tentative de faire de sa marque un gTLD. Mais le pire, c’est que même dans le cadre de la gestion du gTLD .buy qu’elle vient d’acquérir, Amazon ne pourra pas agir comme bon lui semble...
Dans un article précédent, vous avez pu lire qu’Amazon a acheté le gTLD .buy pour la coquette somme de 4,6 millions de dollars durant une vente aux enchères organisée par l’ICANN. Elle s’est ainsi montrée supérieure à Google, qui avait elle aussi affiché son intérêt pour ce domaine de premier niveau fort attrayant.
Mais si Google a vu l’extension .buy lui passer sous le nez, elle peut cependant rire dans sa barbe. En effet, comme de très nombreuses grandes entreprises, Google a pu mettre la main sur le nom du gTLD correspondant à sa marque (.google). Par contre, Amazon, qui projetait de faire la même chose, a vu ses plans tomber à l’eau. Car bien que la plupart des gens associeront le mot « Amazon » avec la grande entreprise américaine qui fabrique les Kindles, et qui vend des livres, des films, de la musique et toutes sortes d’autres articles via Internet, il y a aussi l’autre « Amazon », à savoir le fleuve qui coule à travers la forêt tropicale d’Amérique du Sud, et qui fait donc référence à l’Amazonie.
L’Amazonie et la Patagonie jouent les trouble-fête
Lorsque Amazon a introduit sa candidature pour pouvoir gérer le gTLD Amazon en tant que nom de marque, elle a donc reçu un avertissement (GAC Early Warning), qui lui a été adressé par l’ICANN Governmental Advisory Committee. Au mois de mai de cette année, le New gTLD Program Committee de l’ICANN a définitivement rejeté la candidature d’Amazon visant à pouvoir gérer .amazon et ses équivalents en caractères japonais et chinois en tant que gTLD de marque. Amazon a toujours la possibilité de porter cette décision en appel, mais vu la clarté des déclarations faites durant les procédures précédentes, il y a peu de chances qu’elle gagne en appel.
Et à l’avenir, Amazon devra donc faire sans son propre gTLD – contrairement à Google, qui a eu la présence d’esprit, lors de la création de l’entreprise, d’opter pour un nom original, un mot qui n’existait pas encore. Il est vrai que la marque « Google » est entre-temps devenue un verbe, qui est synonyme de « rechercher sur Internet », mais elle n’en reste pas moins une marque originale pour autant.
Seul réconfort pour Amazon : elle n’est pas la seule marque à ne pas pouvoir utiliser son nom en tant que gTLD du fait que ce même nom a une signification alternative. Le marchand en ligne Patagonia s’est lui aussi fait remballer pour les mêmes raisons – une région d’Argentine porte en effet ce même nom.
Des restrictions pour le gTLD .buy aussi
Pas de chance donc pour Amazon, qui devra continuer à œuvrer avec un nom de domaine .com. L’entreprise avait une autre alternative : s’emparer du nom de domaine .buy, qui était censé devenir une sorte de one-stop destination pour toutes les marchandises qu’Amazon vend via Internet. Mais malheureusement pour Amazon, ce plan-là a lui aussi été contrecarré. Toutes les demandes d’entreprises qui ont voulu créer un gTLD avec un terme générique comme .buy, .app ou .music pour l’utiliser exclusivement en interne, ont en effet eu une réponse sous forme d’avertissement (GAC early warning). L’ICANN a en effet décidé qu’à l’exception de certaines professions protégées (.lawyer, .doctor, .bank), l’opérateur d’un terme générique devrait permettre à des tiers d’enregistrer des domaines. Le plan d’Amazon de garder le gTLD .buy pour elle seule a donc échoué.
Amazon pourrait bien sûr esquiver le problème, p. ex. en pratiquant des tarifs hors de prix pour des candidats externes qui souhaiteraient enregistrer des domaines .buy, ce qui rendrait ces derniers très peu lucratifs. De nombreux observateurs attendent donc avec grande impatience de découvrir la politique tarifaire qu’Amazon appliquera pour ses domaines .buy.
Et qu’en est-il de Apple ?
Ces mêmes analystes suivent d’ailleurs aussi de très près le dossier Apple. Le géant de la technologie de Cupertino a en effet lui aussi demandé à obtenir le gTLD correspondant au nom de sa marque. L’ICANN déciderait-elle dans ce cas que les cultivateurs et marchands de pommes seraient lésés si le ténor du monde technologique devait exploiter le gTLD .apple ? Et quid de l’autre marque Apple – celle d’Abbey Road et des Beatles ? Lorsque Apple a vu le jour, il n’y avait aucun conflit entre les marques de même nom, car l’une se limitait à la musique, et l’autre à la technologie – ce qui dans le cas de l’entreprise de Cupertino n’est plus vrai depuis déjà longtemps. Apple s’est en effet entièrement consacrée au marché de la musique ; il suffit de penser à iTunes, ou au récent rachat de Beats Music. Mais curieusement, Apple d’Abbey Road n’a introduit aucune demande pour le gTLD .apple. Il semblerait donc que rien ni personne ne mettra des bâtons dans les roues de la firme légendaire de Cupertino…
Bref, vous comprenez bien que la création des nouveaux gTLD n’est pas une sinécure. Jetez un œil à la liste des candidatures faisant l’objet d’un litige auprès de l’ICANN, et vous constaterez que de nombreux autres dossiers sont encore en attente d’être traités. Mais heureusement, vous pouvez compter sur nous pour obtenir les toutes dernières nouvelles et les informations privilégiées concernant cette grande révolution pour Internet. Consultez aussi régulièrement notre rubrique spéciale dédiée aux gTLD, où vous pourrez découvrir les nouveaux gTLD qui peuvent être enregistrés !